Rappelez vous, lors du dernier épisode, je vous avais laissé en plein suspens : après être devenue complètement autiste, je me retrouvais, pour cause d'embouteillage à la maternité, en compétition avec une autre parturiente pour accéder au Saint Graal : la salle d'accouchement !
On m'examine : je suis ouverte à 8, je passe en salle d'accouchement (yayyyyyyy !).
On m'installe et on me
propose la péridurale. Moi qui m'étais dit qu'on verrait mais que
j'aimerais accoucher sans péridurale, l'accouchement naturel c'est trop chouette, blablabla, j'avoue que mes grands
principes ont foutu le camp au fur et à
mesure que la douleur s'intensifiait. J'ai alors entendu un grand OUI sortir de ma bouche, avant même que la sage femme n'ait fini sa question.
L'anesthésiste arrive,
on fait sortir le Daddy. Je fais part à qui veut l'entendre de ma peur de passer pour
une chochotte car je n’arrêtais pas de dire que j'avais mal mais
surtout que je gémissais à chaque contraction pour m'aider à
supporter la douleur (oui, accoucher te fait faire des choses étranges : au mieux tu couines, au pire tu hurles). Là, l'anesthésiste me dit que j'ai le droit
de foutre une beigne à la première personne qui me dit que je suis
une chochotte. La péridurale était quelque chose qui me faisait un
peu peur avant l'accouchement (vu la taille de l'aiguille et le côté barbare, rien d'étonnant) mais aussi surprenant que cela puisse
paraître, je n'ai pas eu mal du tout et n'ai même rien senti (sans
rire !). Peut être que la douleur m'a semblé dérisoire par rapport
à la douleur des contractions.
Le Daddy rentre une fois
que tout le bordel est posé.
Et là, la
délivrance (enfin pas encore tout à fait, si l'on respecte la
jargon de l'accouchement) ! Je reprends des couleurs, j'ai davantage
conscience de ce qui se passe autour de moi, je revis ! Je sens
encore les contractions, encore de très légères douleurs sur le
côté droit, mais je peux enfin prendre part à une conversation et
partager ce moment avec le Daddy ! C'est même rigolo de pouvoir
dire : oh tiens, j'ai une contraction ! Ah ah ah, même pas
mal !
Puis le moment tant
attendu arrive : on me prépare pour l'accouchement. Pieds dans les étriers, le Daddy à mes côtés, la
gynécologue qui arrive et en avant Simone ! Je suis d'attaque. La sage-femme perce la poche des eaux. Je pousse en expirant très très lentement comme me l'a appris la
sage femme lors de la préparation à l'accouchement, on dirait un
ballon de baudruche (rouge, le ballon) qui se dégonfle. Le personnel
encadrant m'encourage en me disant que je pousse comme une chef, mais
quand même, ça serait mieux que je bloque carrément ma
respiration. Le ballon de baudruche (à savoir ma tête … non mais
faut suivre un peu !) passe donc au violet et arrête de se
dégonfler. J'y mets tellement toutes mes forces que j'ai les bras
tout endoloris (et le Daddy la main broyée) et que des petites
veines éclatent sur mon visage (je m'en rendrai compte plus tard.
Amis du glamour … bonjour !)
J'ai beau pousser, la
grenouille ne semble pas vouloir sortir. Alors là se déclenche une
procédure d'urgence : la grenouille est en souffrance, il faut
la sortir et vite ! On fait donc sortir le Daddy de la salle, le
temps de dégager la grenouille avec les spatules. La manœuvre ne
prend que quelques minutes (mais c'est quand même une sacrée boucherie … épisio, spatules, je te fais pas un dessin) et quand le Daddy rentre dans la salle, la
grenouille est presque déjà née. Elle regardait vers le plafond au
lieu de regarder vers le sol, ce qui empêchait sa sortie et
nécessitait le recours aux spatules (et à l'épisiotomie … oh mon
amie !). A cela s'ajoutait qu'elle avait le cordon ombilical enroulé
autour de l'épaule (oui, elle voulait déjà faire son originale, le
cordon autour du cou, c'est so 2010 !). Cordon que, il faut le souligner, le Daddy coupera, non sans courage, lui qui peut tourner de l'oeil à la simple vision d'une goutte de sang (c'était donc une bonne chose qu'il sorte au moment des spatules) et qui ne savait pas s'il en serait capable et que tout le monde avait mis au défi.
Et puis, finalement, à 6h15, la
voilà, sur moi, cette petite chose chevelue toute violette (elle
aussi !) et gluante, mais que je suis si heureuse de rencontrer. Mais elle
est toute molle, et puis elle n'a pas crié, ni pleuré … Elle va
bien ? Je m'inquiète le temps d'une seconde (et ce n'est que le
début de ma vie de maman !), jusqu'à ce qu'elle ouvre grand
ses yeux (mais alors, très grand !) et plonge son regard dans le mien, au moment même où la
sage femme la saisit pour la prendre et l'amener dans une autre
salle.
Mais pourquoi ?! Eh
oh, vous allez où comme ça ? Qu'est ce qui se passe ?
Le Daddy me regarde avec
les yeux écarquillés et interrogateurs, genre « qu'est ce que
je fais ? ». Là, ni une ni deux, je lui demande bien
évidemment de la suivre et de rester avec notre bébé. Il ne
manquerait plus que la première personne qu'elle voit et qui lui
parle soit une parfaite étrangère avec une charlotte sur la tête !
Me voilà donc en tête à
tête avec la gynéco (enfin en l’occurrence c'est pas vraiment de
ma tête de baudruche qu'elle s'occupe). Elle s'occupe de mon placenta (miam), me recoud, me tape vite
fait la discut' mais ni elle ni moi ne sommes très inspirées, ça
prend une plombe, je m'impatiente et je n'ai qu'une obsession :
voir mon bébé, ma grenouille, l'avoir contre moi, savoir qu'elle va
bien. C'est long, c'est trèèèèèès long.
Trois quart d'heure plus tard, voilà le Daddy
qui passe le pas de la porte avec notre grenouille dans les bras,
fier comme c'est pas permis, un énorme sourire aux lèvres :
« elle fait 2,850 kg ». Il la pose sur moi, pour ce
moment tant attendu de peau à peau. Elle est contre moi, le Daddy à
nos côtés, nous voilà tous les trois, nous voilà … une
famille !
Et vous voilà maman et papa d'une adorable petite puce que vous chérissez et que nous aimons tous. Les douleurs sont loin et les joies si présentes.
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