C'est un lundi de
novembre que tout a commencé, avec un petit goût d'incertitude :
ce sera pour aujourd'hui ou pas ? Déclenchera ?
Déclenchera pas ?
Dans la matinée, j'ai
rendez vous à l'hôpital avec le diabétologue pour le dernier bilan
de mon diabète gestationnel (alléluia ! Après environ trois
mois où je le voyais toutes les une à deux semaines, et bien que ce
médecin fut tout à fait sympathique, j'avoue que j'étais bien
contente de me dire que je ne verrais plus sa tronche pendant un
moment). Le Daddy m'accompagne. Tout va bien, j'ai bien réussi à
réguler mon taux de sucre. Aucun besoin de déclencher
l'accouchement a priori. Qu'on me laisse tranquille. Le rendez vous
est assez bref, il me souhaite bonne chance pour la suite et me
demande de revenir le voir six mois après l'accouchement pour bien
s'assurer que l'expérience du diabète gestationnel est terminée.
12h00 : On enchaîne
par le rendez vous chez la gynécologue (oui, je suis comme ça, moi,
quand je vais à l'hôpital, j'y vais pas pour rien, même si
j'habite à cinq minutes !). Celle qui me suit d'habitude à
l'hôpital est absente (j'apprendrais plus tard qu'elle s'est mariée
la coquine !) et c'est donc un autre médecin qui m'examinera.
C'est également une femme, qui parle avec un léger accent. Elle me
demande comment ma grossesse se passe et propose qu'on fasse une
échographie de contrôle. La grenouille va bien mais elle manque un
peu de liquide. La gynéco me suggère un déclenchement le
lendemain. Ca ne m'emballe pas des masses (des contractions hyper
douloureuses pendant de longues heures ? Si j'ai le choix,
merci, mais non merci !), mais si c'est mieux pour la grenouille …
Et puis le terme est prévu pour dans trois semaines, c'est dans pas
si longtemps (oui, on essaie de se rassurer comme on peut dans ces
cas là). De toute façon, nous nous étions préparés à cette
éventualité à cause du diabète et avant même de partir pour le
rendez vous, nous nous étions dit qu'il était possible qu'ils me
gardent et que la grenouille pointe son nez plus vite que prévu.
Avec le rendez-vous avec le diabétologue/non-déclenchement suivi du
gynéco/déclenchement, nous faisons l'expérience de l'ascenseur
émotionnel. Nous acceptons donc la perspective d'un déclenchement
qui se précise (enfin, quoi qu'il en soit, avons nous vraiment le
choix?).
Vient le moment de l'examen : je
suis déjà ouverte à deux ! Le travail a lentement commencé
et je n'ai absolument rien senti (petite veinarde) ! Il faut
dire que lors des derniers mois, ça contractait sévère, mais ça
n'avait jamais été douloureux. Lors de l'examen, elle y va un peu fort (autant te dire que je sens nettement la différence par rapport à d'habitude) et là je me dis que soit elle n'est vraiment pas douée et qu'elle a du être bouchère dans une vie antérieure, soit elle effectue un décollement des membranes (comme son nom
l'indique, il s'agit d'une technique un peu barbare, dont je tairai
les détails). Il s'agira en fait de la deuxième option et je m'étais également préparée à ça, ce qui
n'enlève rien au côté très désagréable de la chose, et j'aurais
bien aimé qu'elle m'en parle avant de farfouiller autant mon
intimité. Mais bon, je sais que cela augmente de 50% mes chances
d'accoucher aujourd'hui et donc d'éviter un déclenchement
artificiel à l'ocytocine (et par conséquent les contractions hyper
douloureuses, la péridurale obligatoire et le travail interminable),
alors, d'une certaine façon, tant mieux. Elle finit en nous donnant
un papier à apporter au bureau des sages-femmes où nous devons
prendre rendez-vous pour le lendemain matin.
Nous montons donc à
l'étage, où se trouvent les salles d'accouchement et le bureau des
sages-femmes. L'une d'elles, très gentille, nous accueille et
rendez-vous est pris pour le lendemain 7h, à jeun, pour déclencher
l'accouchement. Cette sage-femme s'avère en fait être la mère d'un
élève que j'ai eu l'an passé et que j'aurais à nouveau du avoir
cette année, si je n'avais pas été arrêtée si tôt. Elle me dit
que je manque beaucoup à mes élèves et que ça ne se passe pas
très bien avec la remplaçante : ça me touche mais dans le même temps, je n'ai pas forcément très envie de parler boulot, là, tout de suite, maintenant. La maternité est déserte, cela
fait deux jours qu'ils n'ont eu aucun accouchement (petit détail qui
a son importance et se révélera fortement ironique). Elle me
propose de faire un monitoring, plus pour le plaisir que par
nécessité. J'accepte et nous voilà donc tranquillement installés
dans une salle d'accouchement. Tout est excessivement calme, on
n'entend que le cœur de la grenouille résonner dans le service
désert. J'ai peur d'avoir perdu du liquide suite à la manœuvre de
la gynéco. Après quelques analyses (et il faut bien dire que c'est
un peu étrange (et gênant) de se faire examiner par un parent
d'élève, mais mieux vaut ne pas y penser), il s'avère que tout va bien et la sage-femme me rassure
en me disant que je ne dois pas m'inquiéter, que c'est probablement
du bouchon muqueux (bon appétit bien sûr) et que c'est normal. Elle
nous explique comment on procède pour déclencher l'accouchement et
nous dit qu'elle finit sa garde ce soir et qu'elle ne sera donc pas
là pour la naissance de la grenouille. Elle fait également la prise
de sang que je n'ai pas eu le temps de faire pour la toxo et surtout
pour l’anesthésiste, prélèvements que nous devons apporter en
urgence au labo de l’hôpital et qui seront directement transmis au
personnel pour le lendemain (enfin, on l'espère).
Nous quittons donc
l’hôpital, un sourire étrange aux lèvres : demain au plus
tard, la grenouille sera là. C'est un peu bizarre de le savoir à
l'avance, de ne pas avoir cet effet de surprise comme on le voit dans
les films : « Oh ! (splash) chéri, je perds les
eaux. Oh ! J'accouche ! » Bon, cela dit, si un
accouchement se passait comme dans les films, ça se saurait. Et si
les films montraient un accouchement tel qu'il se passe réellement,
l'espèce humaine aurait cessé de se reproduire.
Nous appelons nos parents
pour les informer de la nouvelle. Je n'ai désormais plus qu'une idée
en tête : éviter le déclenchement artificiel et terminer les
derniers préparatifs (oui, mieux vaut tard que jamais, hein). Nous
décidons alors d'aller faire quelques courses et ensuite une balade,
pour bouger un peu et essayer d’accélérer les choses.
Puis nous rentrons à la
maison, ajoutons les derniers éléments aux valises pour la
maternité (oui, parce que je suis comme ça, j'y vais avec plusieurs
valises !), et les vérifions. Les parents du Daddy passent pour nous
apporter le berceau de la grenouille, berceau qui a déjà abrité
les nuits de ses deux cousins et qui a été fabriqué par les mains
bricoleuses de Papé et les doigts de fée de Mamie. Voilà, tout est
définitivement prêt pour accueillir la petite princesse.
Alors la grenouille naitra-t-elle dans la nuit ou faudra-t-il attendre un déclenchement au petit matin ? Vous le saurez au prochain épisode !
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