Nous voilà donc avec l'échographiste, dans cette petite salle sombre, pleins d'espoir ... et un peu d'appréhension. L'examen se déroule normalement, on voit et on entend le petit cœur de ce bébé qui bat, on le voit vivre ce bébé, c'est tellement émouvant … et rassurant. Et puis … « la clarté nucale est un peu épaisse, il va falloir procéder à des examens complémentaires, des examens génétiques notamment » BIM ! Là, c'est le ciel qui nous tombe sur la tête. Quoi ?! Non ! Pas encore ! Pourquoi nous ? Pourquoi maintenant ?
« La clarté nucale est à 4,4
mm, c'est beaucoup et il y a en plus de ça un aspect d'hygroma
kystique, c'est à dire d'oedème. Il y a un risque élevé de
trisomie ou d'anomalie génétique, notamment le syndrome de Turner.
Il est donc fortement recommandé que vous subissiez une
amniocentèse. Même pas besoin de faire les marqueurs sériques, le test reviendra forcément positif et l'échographie est plus fiable pour détecter les éventuels problèmes. Vous allez devoir contacter votre gynécologue qui
prendra contact avec un généticien. »
Face au docteur et à toutes ces
informations, je fonds en larmes. C'en est trop. Il essaie de me
rassurer, me dit que ça arrive régulièrement, qu'il s'agit
simplement de tests pour s'assurer que tout va bien … J'entends, je
comprends, mais je suis dévastée. Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi ce bébé risque-t-il de ne
pas voir le jour lui aussi ?
Et la grenouille ? Qu'est ce qu'on
va lui dire ?
En rentrant, la grenouille voit
forcément ma mine déconfite et exprime son inquiétude « Maman,
qu'est ce que t'as ? » J'essaie de lui expliquer, sans
être trop alarmiste. Je lui dis qu'on a vu le docteur, que peut-être
le bébé est très malade, qu'on ne sait pas, qu'il va falloir
attendre. Elle semble comprendre et s'inquiète forcément « Il va être mort lui aussi ? » Je ne savais déjà pas trop
quoi répondre à cette question, maintenant je le sais encore
moins.
Les jours se succèdent et les
questions avec eux. Tout s'embrouille dans ma tête. Me voilà de
nouveau dans le même état qu'au début de cette grossesse, à ne
pas savoir ce qui va se passer, à ne pas m'attacher à ce petit bout
qui pousse dans mon ventre. Me voilà face à des questions
auxquelles je n'aurais jamais pensé avoir à faire face. Et si on
nous annonçait une trisomie 21 ou un syndrome de Turner, on ferait
quoi, concrètement ? Pas simplement sur le papier, pas
simplement dans l'idéal, pas au pays des bisounours … là, en
vrai, on ferait quoi si on devait faire un choix demain ?
Serait-on prêts à élever un enfant « différent », à
devoir aller sans arrêt à l'hôpital, à se dire que cet enfant
sera toujours dépendant, que notre vie, notre vie de couple mais
aussi notre vie de famille, ne sera plus jamais la même ?
Pourrait-on imposer ce choix à la grenouille, car c'est elle qui
devrait assumer si nous n'étions plus là ? Est-ce cela la
famille qu'on imaginait ? Mais en même temps pourrais-je ôter
la vie ? Pourrais-je faire face à ce sentiment d'être un
monstre ? … Tant de questions, que nous n'avons pas encore
vraiment à nous poser, puisque rien n'est sûr, mais qui nous
hantent forcément.
Et puis ce sentiment de se dire que
cette grossesse, enfin ce début de grossesse, sera peut être le
dernier, parce que si ce bébé venait à disparaître, non, je
n'aurais pas le courage, je n'aurais pas la force d'affronter une
nouvelle grossesse et toutes ces angoisses, et je n'aurais pas non
plus le désir d'imposer cela une nouvelle fois à la grenouille.
Elle est encore si petite, si fragile et elle doit déjà faire face
à des événements si complexes. On est déjà tellement désarmés
face à cela quand on est adulte mais à même pas quatre ans !
Comment l'aider à traverser tout ça ? Mon rôle n'est-il pas
de la protéger et ne suis-je pas en train de lui faire énormément
de mal avec ce projet qu'elle n'a pas choisi ?
Ah la culpabilité ! La voilà qui
repointe le bout de son nez ! Je m'en veux d'imposer tout cela à
la grenouille, j'ai l'impression de la blesser, j'ai peur de la
traumatiser et que la grossesse ne devienne pour elle quelque chose
d'angoissant et de triste, alors que cela est censé être un moment
de bonheur. Je me demande forcément si j'ai ma part de
responsabilité dans ce qui nous arrive : ai-je fait quelque
chose ? Est-ce ma faute ? Je pense aussi à ce petit bout qui pousse dans mon ventre, qui est là malgré tout, que j'imagine mais que d'une certaine façon je m'interdis d'aimer, pour me protéger sûrement, et j'ai mal ...
Je vais voir ma gynécologue en
urgence, qui nous réexplique ce que l'échographiste nous a déjà dit
et essaie aussi de nous rassurer … en vain. Elle nous prend rendez
vous pour une consultation avec une généticienne et
voir la suite des évènements. C'est le début d'une longue série de rendez-vous à l'hôpital.
* A suivre *
Et vous, comment s'est passé votre première échographie ? Avez vous eu aussi de "mauvaises surprises" ?
Et vous, comment s'est passé votre première échographie ? Avez vous eu aussi de "mauvaises surprises" ?
Rolala ... La première écho surtout pour cette grossesse, n'a pas été joyeuse, non pas parce que l'embryon avait un soucis, mais parce que je ne savais pas encore quoi faire de cette grossesse...
RépondreSupprimer9 mois plus tard, j'attends que bébé décide de pointer le bout de son nez...
J'espère tellement pour vous que ce ne soit pas grave et que tu puisses poursuivre ta grossesse sereinement...
Effectivement cette première écho peut être angoissante pour tout un tas de raisons.
SupprimerHeureusement pour nous, ce cauchemar est derrière nous et la crevette est né en décembre et est en parfaite santé ;)
Je te souhaite une bonne fin de grossesse et beaucoup de courage pour cette dernière ligne droite :)
Je viens de fondre en larmes en finissant ton article. Du haut de mes 21 ans je sais bien que je ne peux pas imaginer ce que tu as ressenti mais sache que je t'envoie toutes les ondes positives que j'ai la force de vous envoyer. Mille bisous de chance et de bienveillance.
RépondreSupprimerMerci énormément <3
SupprimerVoila un sujet qui divise, continuer ou pas c'est le quotidien de mon association. Le bel enfant est la ouff sans soucis , comme quoi meme avec tout les examens ils ne savent pas vraiement. Même des fois ca ne se voit pas .. Bon courrage a tantôt de te lire ici ou là
RépondreSupprimerMerci pour ton message :)
SupprimerA bientôt !
Ma même chose! Cn à 5,4. Et ma belle famille sur le dos à me dire que je ferai mieux d'avorter. Une période très très difficile pour moi.
RépondreSupprimer(Aujourd'hui j'ai un beau petit garçon de 4 ans! Avec des soucis d'audition mais qui ne sont pas lié à la grossesse chaotique. Qui n'a donc aucune séquelle. Notre combat, notre bonheur )
Heureuse de savoir que pour toi aussi tout s'est bien terminé :)
SupprimerBisous à toi et ton petit bout
Bon courage à tous les 2. J'espère que cela va bien se passer.
RépondreSupprimerMerci :)
SupprimerOui, à la fin tout va bien ;)
Oh c'est terrible, vous avez du avoir une grosse angoisse !
RépondreSupprimerCe n'est pas pareil, mais à mon echo de datation(après 1 an et demi de PMA) il y avait deux embryons. ma joie fut de courte durée car l'un d'eux était bien mal en point, avec un gros retard de développement. S'il vivait, il pouvait être très lourdement handicapé, s'il s’éteignait j'avais un risque de fausse couche et je perdais les deux. Le cauchemar.
Cela a dû être très angoissant pour vous également ! J'espère que l'histoire se finit bien :)
SupprimerComme ton article me parle... Ma première échographie m'a traumatisée, le "la nuque est un peu épaisse, on vous a parlé de la trisomie 21 ?" lancé abruptement par l'échographe m'est longtemps restée en travers de la gorge. Son manque de tact a été terrible.
RépondreSupprimerJ'imagine oui ! Le corps médical ne se rend pas toujours compte que nous ne sommes pas de simples numéros de dossier mais des êtres humains dotés de sensibilité et d'émotions.
SupprimerUne grossesse je pense que c'est autant d'angoisse que de joie et on prie toujours pour que les mauvaises choses ne nous arrivent pas... Je vous envoie plein de courage!
RépondreSupprimerMerci :)
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