jeudi 19 décembre 2013

Baby & The City (ou les relations d'une jeune maman avec ses amies "nullipares")

J'ai quelques amies, elles se comptent sur les doigts d'une main, j'ai mis du temps à les trouver et je tiens beaucoup à elles. Je les connais depuis maintenant dix ans (putain, les filles, dix ans déjà !), une petite bande de copines rencontrées en prépa avec lesquelles nous nous sommes serré les coudes entre  khôlles et concours, un groupe de copines à la Sex & the City, où nous sommes toutes si différentes et pourtant si proches.
Mais voilà, la vie et le temps font leur oeuvre et érodent un peu les choses. Certains liens se distendent, d'autres se rompent, et certains se renforcent aussi.

Pour continuer l'analogie avec Sex & the City, je dirai que je suis Miranda. Non pas pour son côté carriériste et obsédée par sa vie professionnelle, loin de là, mais je suis bien la première de ma bande de copines à avoir un bébé. Et de la même manière que l'arrivée d'un bébé chamboule la vie d'un couple, elle révolutionne l'équilibre d'un groupe de copines. Elle permet de se rendre compte de certaines choses, de la force ou de la faiblesse des liens qui nous unissent.

Ma grossesse puis la naissance de la grenouille ont été synonymes d'enthousiasme dans mon groupe de copines. Des sourires, des larmes d'émotion, de la surprise à l'annonce de ma grossesse, des promesses loufoques de tricoter des brassières à la grenouille ou de lui apprendre la capoeira (et par la force des choses de s'y mettre aussi), des folles débarquant en courant à la maternité ou m'appelant du bout du monde, voilà qui faisait chaud à mon petit coeur de jeune maman. Les premières semaines de ma vie de maman se sont bien passées, j'avais une vie sociale (enfin, autant que possible), je trimballais partout la grenouille qui dormait n'importe où entre deux risettes qui avaient le don d'attendrir mes copines.

Mais les semaines ont passé, la fatigue s'est accumulée, l'allaitement me prenait beaucoup de temps et d'énergie, le caractère de la grenouille s'est affirmé et ses problèmes d'endormissement avec, je me sentais de plus en plus prise par mon rôle de maman, vivant au rythme de la grenouille … Je sortais beaucoup moins, je ne recevais que très rarement à la maison, mes coups de fils et textos se faisaient de plus en plus rares, je me sentais profondément incomprise et ne supportais plus qu'on me donne des conseils ("Tu te sens trop prise ? Bah arrête d'allaiter !") … Du coup, j'arrêtais de me confier ou de parler de mes "problèmes", moi qui ne suis déjà pas vraiment du genre à appeler au moindre pépin ou à m'épancher sur mes états d'âme, et j'essayais d'afficher un sourire de façade. Du côté de mes amies, le côté "tout nouveau tout beau" était passé, je sentais pour certaines d'entre elles un désintérêt évident pour ce que je vivais qui se résumait, il est vrai, à changer des couches et à m'émerveiller des petits progrès de ma grenouille. Les reproches ont également commencé à voir le jour : "La Mummy ? On la voit presque plus, elle est rarement dispo, et puis elle répond jamais aux textos … Elle est trop fusionnelle avec la grenouille". Des soirées et des weekends se sont organisés sans que je sois invitée, j'ai reçu des excuses, que j'ai acceptée, mais il n'en demeure pas moins que cela ajoutait à mon sentiment d'isolement. Le fossé s'est creusé petit à petit. J'éprouvais toujours du plaisir à voir mes amies, mais je me sentais à des millions de kilomètres, je n'arrivais pas à suivre une conversation car la grenouille était souvent avec moi, mes copines se voyaient souvent (ou c'est en tout cas l'impression que j'avais) et j'avais du coup toujours un train de retard. J'étais lasse.

Avec le recul, même si je ne garde pas un mauvais souvenir de cette période, je crois que j'étais un peu déprimée : je me sentais incomprise et horriblement seule, j'avais le sensation de ne rien gérer (comme l'atteste cet article écrit à cette période), on se disputait pas mal avec le Daddy … avec toujours ce sentiment de n'avoir pas le droit de me plaindre puisque je vivais la plus belle chose au monde. J'avais ma part de responsabilité : au lieu d'essayer de refaire surface, je m'enfonçais. Je n'étais probablement pas de bonne compagnie, je le conçois.
Je ne me plains pourtant pas : j'étais entourée, notamment par ma famille, et certaines de mes amies ont réussi à se montrer compréhensives et à simplement me tendre une oreille attentive ou encore à poser les bonnes questions (un IMMENSE merci à elles !). Mais je crois que je n'arrivais pas à trouver notre équilibre, mon équilibre, ce nouvel équilibre qu'il faut construire quand on fonde une famille, et qui révolutionne tout votre monde.


Aujourd'hui, même si cet équilibre est encore fragile, je me sens beaucoup mieux, j'ai l'impression d'avoir trouvé notre rythme et un nouvel équilibre, je vois plus mes amies (enfin, quand nos emplois du temps de ministre nous le permettent), avec et aussi sans la grenouille, je me sens plus "libre" et épanouie, j'arrive à prendre davantage de temps pour moi et de recul sur les choses (même si je reste une maman louve, psychopathe et un brin susceptible), on arrive à se retrouver en amoureux avec le Daddy … Bref, tout roule !
J'ai aussi l'impression que la grenouille est devenue plus intéressante aux yeux de mes copines : elle marche et cause, ce qui permet d'avoir davantage d'interaction avec elle. Et il faut dire que c'est aussi un sacré clown et une charmeuse qui sait attirer votre attention et votre sympathie.

Je retrouve donc mes amies, on sort boire des verres, on se fait des petits restos, on papote mode, mecs,  voyages, boulot … on fait des projets, on fait nos langues de vipère, presque comme avant. Mais en moi, quelque chose s'est un brin fissuré avec certaines d'entre elles. Et quand j'entend "Ca fait plaisir de te retrouver", je suis partagée entre la satisfaction de voir qu'on apprécie à nouveau ma compagnie et l'amertume de constater que certaines n'ont pas su m'accompagner dans ce changement de vie ou seulement de loin.

Je ne leur en veux pas. J'imagine qu'à leur place, je n'aurais pas fait mieux. J'espère juste que le jour où cela leur arrivera aussi (et je le leur souhaite !), elles comprendront …

Et vous, comment ont évolué les relations avec vos amies avec l'arrivée de bébé ?

3 commentaires:

  1. Pour ma part, soyons honnête, je n'ai jamais eu beaucoup d'amis, et, étant assez casanière, je n'ai jamais eu une vie sociale trépidante...
    Les amitiés se sont émoussées avec le temps, des amis de fac se sont éloignés, des amis de CAPES ont tout bonnement coupé les ponts sans explication ni quoi que ce soit pendant mon exil en Seine Saint Denis, bref, l'amitié...........
    Après, quand je fais le bilan, j'ai ma famille, mon chéri, mon soleil, des copines et collègues avec lesquels je rigole chaque jour et qui me soutienne lors d'un coup dur au travail. C'est sûr que j'ai quelque fois un sentiment de solitude, qu'à ces moments là j'ai le blues, mais je ne me plains pas, je me dis que c'est la vie!

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  2. tout pareil ! et je rejoins Emilie sur le fait de n'avoir jamais vraiment eu beaucoup d'amie... ce sentiment de solitude je l'ai ressenti si souvent (surtout quand mon cher travaille de nuit, qu'une des petite est malade ou encore que je suis moi même malade et que je dois gèrer les filles...
    Bref être maman est sans aucun doute l'expérience la plus folle, la plus forte émotionnellement. je pux être au fond du trou et dans la minute qui suit... je fonds d'amour... puis je suis hors de moi face à la bêtise des gens quand à leur conception de la maternité. bref. pour ma part je n'ai renoué avec personne, mais j'ai d'autres occupations et je me dis que finalement c'est que ces "amitiés" ne reposaient que sur du "fun". aujourd"hui je ne changerais mes choix pour rien au monde et je me dis que je construit aujourd'hui les amitiés de demain, plus vraies, plus solides et plus humaines. parce que dans ma conception de l'amitié il y a le plaisir, les joies, mais aussi les coup durs et les peines. et c'est en celà que l'on reconnait ses VRAIS amis. Bises Véro et vive nos grenouilles alliennantes !!! Nati

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  3. Pour ma part, ça a été plus facile je pense, car bcp de les copines avait des enfants donc c'était facile pour se comprendre et s'organiser en fonction des petits et avec mon mari on a bcp de couples d'amis donc on si vite les uns chez les autres à tour de rôle, ça permet de sortir et de voir du monde et c'est pas gênant avec petit cœur car il s'endort généralement dans la voiture en allant chez les potes et une fois la bas, y'a plus qu'à l'installer dans le lit pliant. Il est "facile à vivre" c'est vrai, ça nous facilite la tâche. Et puis depuis qu'il est plus grand, je suis moins possessive et ma mère est très souvent la pour le garder donc ça me permet de garder mes moments à moi d'avant.

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