mercredi 27 mars 2013

Voilà, c'est fini (ou récit d'un sevrage)

Voilà, une page se tourne … ou alors est-ce la continuation logique des choses ? Un grand pas de plus vers l'indépendance à laquelle semble aspirer la grenouille.

Cette nouvelle étape a commencé voilà trois semaines. Une tétée du goûter remplacée discrètement par un yaourt (de soja, de riz ou d'avoine). Sans heurt. Sans même un pleur.

Puis il y a deux semaines, c'est la tétée du soir qui a disparu. Remplacée, elle, par un verre de boisson végétale.

Il faut dire que ces deux tétées, celle du goûter et du soir, la grenouille ne les réclamait jamais. Elles faisaient simplement partie du repas. J'appréhendais plus celle du matin. Celle où j'emmenais la grenouille, les yeux encore plein de sommeil, dans notre lit, où elle enlevait sa sucette en pointant du doigt ma poitrine. Cette tétée câlin où elle était tout contre moi, pas vraiment réveillée, et après laquelle, le ventre bien plein, elle se rendormait à côté de moi.

Et ce week-end, la dernière tétée. Dimanche matin. Initialement, ça aurait du être le samedi matin. Mais je n'ai réalisé que le vendredi dans la journée que la tétée que j'avais donné le matin même devait être la dernière. Et je n'étais pas prête. Psychologiquement pas prête. Il me fallait avoir pleinement conscience et savourer ce dernier moment de peau à peau. Ce dernier bout de bébé. Pour lui dire au revoir. Et accueillir sereinement cette petite fille qu'est devenue ma grenouille.


C'est donc avec un pincement au coeur et une légère appréhension que je suis allée la chercher le dimanche matin dans sa chambre. Elle m'a tendu les bras, et nous sommes allées ensemble dans la cuisine pour faire réchauffer ce biberon, ce nouvel objet qui rentrait dans notre vie et dans nos rituels. Elle n'a montré aucun signe de surprise ou d'incompréhension. On a attendu que le biberon soit chaud, elle blottie dans mes bras, puis elle a tendu les bras pour attraper ce qui allait désormais la nourrir. C'est elle qui le tenait pendant que nous allions dans la chambre, toute fière. Nous nous sommes installées, comme à notre habitude, dans la demi-pénombre. J'ai relevé mon coussin, elle s'est mise contre moi et je lui ai proposé ce biberon, au lieu de mon sein. Sein qu'elle n'a d'ailleurs pas réclamé. Et elle a bu ce biberon, comme si elle avait fait ça toute sa vie. J'ai versé une petite larme, puis j'ai réveillé le Daddy. Il l'a regardée, nous nous sommes regardés, surpris et émus. Puis la grenouille s'est rendormie, tout contre moi. C'était comme avant, et pourtant, profondément différent. Elle était grande.

C'est ainsi que j'ai dit au revoir à ces seize mois d'allaitement, à ces moments uniques et privilégiés, à ces câlins qui rythmaient notre journée, à ce sentiment si profond d'être utile, à ces instants de peau à peau, à mon bébé. Mais c'est aussi comme cela que j'ai accueilli cette petite fille, qui m'a montré qu'elle était indépendante, qu'elle n'avait plus besoin de moi, ou en tout cas, pas de cette façon. Et cette petite fille, je l'aime autant si ce n'est plus que le petit bébé qu'elle était.

Et vous, comment s'est passé le sevrage de votre grenouille ? Comment l'avez vous vécu ?

14 commentaires:

  1. J'étais en train de donner le bibi du matin à ma pitchoune et ton discours m'a juste fait monter les larmes aux yeux ! Vraiment émouvant !
    Alice

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    1. Merci :)
      J'ai un peu les yeux qui piquent quand j'y repense aussi ;)

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  2. Bouuuuuuuuh ceci m'a rappelé ma propre histoire quelques mois auparavant! Petit pincement au coeur!
    Ici, super nounou qui n'avait rien contre le lait maternel du moment que je lui expliquais comment réchauffer etc (jamais eu de lait maternel avant en 12 ans de métier)
    J'avais acheté un tire-lait avec poche isotherme et tout et tout pour maintenir ma lactation, je m'étais bien entraînée à m'en servir et je m'étais dit bon au pire je continue de l'allaiter matin et soir mais je continue au moins jusqu'à ses 6 mois! Au final à ses 4 mois passés j'étais obligée de lui donner un complément à chaque tétée matin et soir car ça ne lui suffisait pas, j'étais KO, stressée car je n'arrivais pas à me remettre dans le bain des cours, réunions, corrections... J'avais la tête ailleurs enfin bref grosse baisse de régime et de moral et j'ai finalement abandonné... A contre coeur...
    Une chose est sûre pour le 2ème je serai plus sûre de moi car j'aurai déjà de l'expérience et je saurai déjà "comment m'y prendre", même si chaque allaitement et chaque bébé est différent. Personne n'a allaité dans ma famille donc personne pour m'aider, juste la SF qui m'a fait ma rééduc mais qui était plutôt dans l'extrême inverse: pas de PLV etc etc

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    1. Oui, je comprends parfaitement. Ce n'est pas du tout évident de concilier allaitement et reprise du travail. Et j'ai eu la chance de pouvoir continuer aussi longtemps grâce à mon congé parental et à mon mi-temps. Tu as fait de ton mieux et c'est ce qui compte. J'ai eu du mal aussi mais j'ai finalement compris que ma santé est aussi importante si je veux bien m'occuper de ma grenouille.
      C'est clair qu'il n'est pas facile d'être bien conseillée concernant l'allaitement. J'ai eu la chance d'avoir pas mal de mamans qui ont allaité dans mon entourage mais je me suis surtout fié à mon instinct et à la documentation que j'avais pu avoir sur l'allaitement.
      C'est sûr qu'on sera plus "rodées" ou en tout cas moins dans la découverte pour number two.

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  3. Le sevrage... pas évident.
    Aujourd'hui je lui ai donné du lait congelé, chose que je n'avais pas fait depuis un moment. J'étais fière de lui donner MON lait. Et là, l'allaitement m'a cruellement manqué!
    J'ai arrête à 5 mois car j'ai eu une baisse tres forte au quotidien et une reprise du travail avec l'impossibilité de tirer mon lait. Donc bon c'était le bon moment, mais moralement c'est dur de se dire que ces moments là, rien qu'à nous deux ne seront plus. Ca sera différent, mais rien ne les remplace vraiment...
    Un jour j'ai su que c'était la dernière tétée, j'ai pleuré, je l'ai serré contre moi, je l'ai même pris en photo...
    :)

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    1. J'ai pensé à la prendre en photo mais la tétée avait lieu vers 5h du mat', alors pas le courage ;)

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  4. J'ai sevré ma première à 13 mois, comme la tienne elle n'en a pas du tout été perturbée! C'est une page qui se tourne, il faut se focaliser sur l'indépendance retrouvée ;)

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    1. Oui ! C'est clair que du coup on est quand même beaucoup plus libres ! Et youhou, je peux remanger normalement (bon, c'était un peu le but du sevrage en même temps) !

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  5. Wouah magnifique article, merci!!!
    ma puce va avoir 17 mois, elle a toujours le sein, et le reclame toujours;
    pour dormir, elle en a vraiment besoin!!
    je ne sais pas quand j'arreterai car elle ne sait pas boire au biberon, ne prends pas de tutute...
    j'aime l'allaiter mais il faudra bien un jour arreter :-(

    merci encore pour ce si joli article

    AF

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    1. Merci à toi pour ce gentil commentaire :)
      Il faudra effectivement arrêter un jour mais vous trouverez le bon moment ensemble. En attendant, profite de ces instants magiques avec ta puce.

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  6. Tjs émouvant, ces histoires d'allaitement...
    J'ai arrêté d'allaiter mon grand garçon quand il avait 28 mois. Et ça me manque, ce moment câlin du matin, comme tu le décris dans ton article.
    Mais j'ai arrêté pcq j'étais enceinte, et qu'il faut bien arrêter un jour ;-) Dans deux mois, je m'y remets :-) et j'espère avoir la chance de vivre avec mon deuxième pioupiou un allaitement au long cours!
    Belle journée!
    Sid

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    1. Merci pour ton message !
      Profite bien de ces moments magiques et de ces instants de découverte avec ton deuxième pioupiou :)
      Belle journée à toi aussi
      Bises

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  7. ici ça se termine tout doucement, elle a 27 mois, ça fait 4 jours qu'elle n'a pas tété, et ne réclame plus, ou alors pour prendre 1 lichée la dernière fois ... ça s'est fait tout seul, en douceur, mais moi c'est ma dernière, enfin je veux dire qu'il n'y en aura pas d'autres après (nous avons 4 enfants). J'ai voulu qu'elle y mette fin elle même, pour profiter jusqu'au bout, et c'est ce qui se passe, tout doucement, tout simplement (Bibi sort de ce corps :p )
    Merci pour ce joli billet, qui moi aussi m'a mis la larme à l'oeil, de tendresse, de nostalgie aussi ... Au plaisir de te relire ! Stéphanie

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    1. Merci Stéphanie pour ce gentil message qui me va droit au coeur :)
      C'est précieux quand cela se fait tout naturellement, en douceur. Beaucoup de bonheur à toi et ta famille et à bientôt j'espère !

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