Malgré une résurgence et un encouragement affiché de la pratique, la France a, à mon avis, encore beaucoup à faire en matière d'allaitement maternel.
En termes de statistiques, environ 60 % des mères allaitent au sortir de la maternité. Seulement la moitié d'entre elles continuent d'allaiter après 3 mois et en moyenne, la durée de l'allaitement n'est "que" de 10 semaines. C'est peu, sachant que l'OMS recommande un allaitement exclusif jusqu'à 6 mois.
En Norvège, c'est 99 % des femmes qui allaitent au sortir de la maternité, 95 % en Finlande, 90 % en Suède et au Danemark, 85 % en Allemagne et 75 % en Italie. La France est donc "un peu" à la traine.
Il y a tout d'abord à mon humble avis une insuffisance en ce qui concerne les lois et la politique gouvernementale en matière d'allaitement. Un congé maternité de seulement trois mois n'est pas vraiment un encouragement à l'allaitement. Sachant qu'il faut un bon mois pour que les choses se mettent en place et que dans l'idéal le sevrage doit se faire progressivement, il ne reste donc que quelques semaines pour allaiter sa grenouille en toute sérénité. Il est vrai qu'il existe dans le droit du travail des aménagements pour permettre aux femmes qui le désirent de continuer à allaiter leur bambin : vous avez droit à une heure par jour (non rémunérée la plupart du temps, en fonction des conventions collectives) pour allaiter ou tirer votre lait. Whaou, super, merci ! Je crois qu'on peut dire sans trop se tromper que c'est encore une loi faite par des hommes pour des .... femmes ! Ils ont pensé à l'aspect pratique ou pas ? Non, parce que, techniquement, c'est censé se passer comment ? Il faut "se traire" dans les toilettes entre deux coups de fil / réunions / heures de cours, et envoyer son lait par coursier ou pigeon voyageur ? Disons le honnêtement, allaiter après la reprise du travail, c'est possible, mais c'est une vraie galère et il n'est pas étonnant que la plupart des femmes soient découragées. L'option la plus simple pour pouvoir allaiter tranquillement un peu plus longtemps est de prolonger son congé maternité avec un congé parental, mais ça n'est pas malheureusement pas à la portée de toutes les bourses. Il faut savoir que tous les parents (hommes et femmes, je tiens à le préciser, bien qu'en matière d'allaitement, les hommes ne peuvent pas vraiment nous aider) ont le droit de prendre un congé parental jusqu'aux trois ans de leur enfant. Seulement, cela veut dire plus aucun salaire pendant la période choisie. Il y a bien des aides de la CAF (environ 500 € pendant 6 mois pour un premier enfant) mais rien qui ne remplace un salaire. Et puis, l'adage "allaiter ou travailler, il faut choisir" n'est peut-être pas au goût de tout le monde, et c'est bien compréhensible.
A titre de comparaison, en Norvège, les femmes bénéficient d'un congé maternité pouvant aller jusqu'à 10 mois à plein traitement et 1 an à 80 %. En Suisse, en Belgique et au Luxembourg par exemple, une pause (rémunérée !) est accordée sur leur temps de travail aux femmes qui allaitent.
Autant dire qu'il y a encore des progrès à faire !
Ensuite, en ce qui concerne le corps médical, il y a un manque évident de formation et d'information. La mode est à l'encouragement affiché de l'allaitement mais bien souvent, dès la maternité, le moindre "pépin" sonne la fin d'un allaitement possible. En dehors des sages femmes qui sont souvent de bons conseils, le personnel encadrant n'aide souvent pas vraiment à la mise en place ni à la prolongation de l'allaitement. Il perpétue la plupart du temps les mythes du manque de lait ou du lait pas assez nourrissant et tend à prescrire des compléments qui signeront souvent la fin d'un allaitement qui aurait pu fonctionner si la mère avait été correctement informée. Sans parler des courbes de poids des carnets de santé qu'on veut que nos bébés "respectent" alors qu'elles ne correspondent en rien au développement d'un bébé allaité. J'ai moi-même du "lutter" à la maternité pour qu'on ne donne pas de complément à ma grenouille lorsque cela n'était pas absolument nécessaire (elle y a eu droit une fois car elle faisait de l'hypoglycémie suite à mon diabète gestationnel). Je sais que ça peut paraître fou à dire mais, si vous tenez à la poursuite de votre allaitement (si cela ne met évidemment pas en danger la santé de votre enfant), n'écoutez pas forcément les conseils de votre pédiatre/médecin (notamment s'il vous présente comme toute première solution de donner des compléments de lait infantile, sans avoir fait d'examens, posé de questions sur le comportement de votre enfant, ni essayé de palier à un éventuel problème de lactation au préalable, ou vous suggère de peser votre enfant avant et après la tétée pour voir ce qu'il a pris, technique qui ne révèle rien de concret et n'est pas efficace) et tournez vous plutôt vers une conseillère en lactation ou une association d'allaitement. Cela m'est arrivé dernièrement et autant vous dire que j'ai décidé de changer de pédiatre. Trouver un pédiatre compétent en matière d'allaitement constitue un vrai parcours du combattant. Un aspect de plus qui peut décourager plus d'une maman ou la mettre sur une mauvaise piste et abréger malgré elle un allaitement pourtant en bonne voie.
En ce qui concerne les infrastructures, on peut également dire que le monde français n'a pas vraiment été pensé pour les femmes allaitantes. Peu nombreux sont les lieux publics dotés de pièces dédiées à l'allaitement ou aux familles tout simplement. Cela ne m'avait jamais choquée jusqu'à ce que j'aille en Australie. Là bas, pas un centre commercial sans ce qu'ils appellent une "parents room". Je pensais à une simple pièce avec une table à langer, en bonne Française que je suis, mais en fait il s'agit bien souvent d'une pièce avec une ou plusieurs tables à langer, micro-ondes et coin allaitement avec fauteuil et rideau pour pouvoir s'isoler. Le seul endroit où j'ai vu un tel lieu en France est à Ikéa (encore nos amis les Suédois). Voilà qui peut effectivement encourager les mères pudiques à allaiter et à éviter aux mères allaitantes de déballer leur sein en public ou de se casser le dos sur un banc en bois, quoiqu'on devienne rapidement une maman tout terrain avec un peu de pratique.
En parlant de ça, concernant l'opinion publique, il y a aussi du boulot. C'est quoi exactement le problème avec le fait d'allaiter en public ? En effet, quelle femme en train d'allaiter son bout de chou n'a pas eu droit à une remarque du type "et la pudeur, bordel ?" ou à un regard de travers ? Pourquoi certaines personnes s'offusquent-elles de voir un petit bout de sein qui nourrit un enfant, alors qu'elles sont bombardées à longueur de journée d'images de nanas à moitié à poil sans que cela ne les dérange ? Qui devrait se sentir le plus gêné : la mère dont le sein est nourricier ou celui qui y voit quelque chose de sexuel ? Malheureusement, c'est bien souvent la première. Et je dois dire que ça me sidère. Bon, j'exagère un peu, je n'ai eu le droit qu'à très peu de remarques, mais à voir certaines remarques qui peuvent circuler sur le net ou à la télé, il y a encore du chemin à parcourir.
De plus, dans les esprits, je trouve qu'il y a une certaine forme d'incohérence. Vous passez bien souvent pour une mauvaise mère si vous ne voulez pas allaiter (ce qui n'est évidemment pas le cas, je tiens à le préciser, je ne suis pas une militante pro-allaitement, chacune fait ce qu'elle veut de son corps, décider ou pas d'allaiter est un choix très personnel). Dans le même temps, vous passez pour un phénomène étrange si vous allaitez plus de trois mois. J'avoue n'avoir eu que très peu de problèmes à allaiter en public lorsque la Grenouille était petite (de manière discrète quand même, hein, faut pas exagérer !), j'ai un peu plus de réticence maintenant. Elle n'a pourtant pas 10 ans ! Est-ce à cause du regard des gens ou d'une sorte d'auto-censure ? Je n'en sais trop rien, mais le fait est que j'ai l'impression que cela n'est pas toujours bien perçu, sans que j'arrive à vraiment comprendre pourquoi.
Et vous, quelles difficultés avez-vous rencontrées ? Est-ce que certains des aspects énumérés ci dessus vous ont dissuadée d'allaiter ?
Et vous, quelles difficultés avez-vous rencontrées ? Est-ce que certains des aspects énumérés ci dessus vous ont dissuadée d'allaiter ?
premier allaitement comme sur des roulettes pourtant je n'ai pas vu ma fille avant 2 jours, touchée avant 3 et la mise au sein s'est faite le 4 ème jour ... et pourtant aucun pb une montée de lait sans douleur un bébé qui tète bien, un bébé qui dort bref nikel jusqu'à mon retour de couche un mois après la reprise du boulot, un méga pic de croissance et le seul conseil que j'ai eu c'est bah t'as plus de lait donne un bib en journée au lieu de tirer ton lait comme ça t'en garde pour le soir ... hahahaha !!!!cet allaitement aura duré 4 mois et demi. et pour la deuxième l'horreur au début on m'a fait complémenter la petite alors que je ne voulais pas il fallait que je la pèse avant après on m'a fait du chantage si tu complémentes pas tu sors pas j'ai fait près d'une semaine de clinique .... on me regardait comme une folle si je faisait du peau à peau, on m'a pris la petite des bras 2 h après la naissance parce qu'elle dormait et que si je continuais je n'allais pas m'en sortir !! j'aurai du me méfier pour l'allaitement!! à la sortie une puéricultrice est venue me voir en me disant elle doit manger autant si elle mange pas autant il faut compléter .. oui oui merci!! une fois à la maison peau à peau pas de complément et tout roule !! aujourd'hui plus de 9 mois d'allaitement qu'on va prolonger le plus longtemps possible.
RépondreSupprimerpour ce qui est de ma première j'ai tiré mon lait au bureau on ne m'a pas accordé ma pause non rémunérée ... je devais le faire le midi. j'avais quand même un frigo où je pouvais stocker.... et pour la première aucune remarque si ce n'est que ho tu allaites c'est bien !!!
par contre à la deuxième ha t'allaites ???? moué ..; ha encore ??? enfin les phrases habituelles quoi !! et le pire c'est qu'avec elle jai pris un congé parental dc la pauvre petite est avec moi toute la journée elle est sauvage elle ne se détachera jamais de moi ... puis à son age c'est bizarre ... j'en passe et des meilleurs mais je fais comme ma puce a envie !!!
Oui, on a l'impression que quand on est en congé parental et qu'en plus on allaite, on vit enfermée chez soi, collée H24 à son bébé qui finira associable, névrosé et Tanguy ! Mais bon, il faut laisser dire et les faits parlent d'eux mêmes : ma grenouille est un bébé heureux, hyper curieux, souriant, qui va facilement dans les bras d'autres personnes, même inconnues, avec lequel j'ai une relation privilégié mais non exclusive.
SupprimerJe crois que tu as eu effectivement beaucoup de chance. C'est tellement rare d'être bien suivie et conseillée lorsqu'on allaite.
RépondreSupprimer